Croissance freinée : une demande revue à la baisse
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a revu à la baisse ses prévisions concernant la croissance de la demande mondiale de pétrole pour le reste de l’année 2024. Celle-ci devrait désormais se limiter à 650.000 barils par jour (bpj), contre 990.000 bpj enregistrés au cours du premier trimestre (janvier à mars). Cette baisse significative s’explique par le climat d’incertitude économique mondiale et l’essor des ventes de véhicules électriques (VE), qui continuent de réduire la dépendance au pétrole.
Une moyenne annuelle en légère hausse grâce à la reprise économique
Malgré ce ralentissement, l’AIE prévoit que la croissance de la demande mondiale de pétrole atteindra une moyenne annuelle de 740.000 bpj en 2024. Cette estimation constitue une révision à la hausse de 20.000 bpj par rapport au mois précédent. En cause : une prévision de croissance économique plus optimiste et des prix du pétrole plus bas, qui stimulent la consommation énergétique, en particulier dans les pays émergents.
Perspectives 2026 : une croissance modeste mais stable
Pour 2026, l’AIE anticipe une croissance de la demande mondiale à 760.000 bpj, confirmant une tendance modérée mais stable. Ce rythme modéré reflète les effets durables de la transition énergétique et des politiques climatiques, tout en tenant compte des fluctuations économiques mondiales.
Une production en hausse, portée par l’Arabie saoudite
Révision à la hausse de la croissance de l’offre
L’AIE a par ailleurs relevé sa prévision de croissance de l’offre mondiale de pétrole pour 2024 de près de 400.000 bpj, portant le total à 1,6 million de bpj. Ce réajustement est principalement dû à une augmentation anticipée de la production en Arabie saoudite, capable d’ajuster rapidement son offre grâce à ses capacités excédentaires.
Schiste américain sous pression, prévisions en baisse
À l’inverse, la production de pétrole de schiste aux États-Unis montre des signes d’essoufflement. En raison de la baisse continue des prix du brut, l’AIE prévoit une réduction d’activité dans les prochains trimestres. Les prévisions de croissance du schiste ont ainsi été réduites de 40.000 bpj pour 2025 et 190.000 bpj pour 2026. L’Opep a également abaissé ses propres estimations de l’offre provenant des États-Unis et d’autres producteurs non membres de l’Opep+.
Un déséquilibre possible : vers une hausse des stocks mondiaux
L’AIE avertit qu’une hausse de l’offre nettement supérieure à la demande pourrait engendrer une augmentation moyenne des stocks de brut de 720.000 bpj en 2024. Un tel déséquilibre pourrait accentuer la pression sur les prix du pétrole dans un contexte de demande atone.
Cours du pétrole en repli : effet combiné de la surproduction et de la géopolitique
Sur les marchés, les prix du pétrole continuent de baisser. Le Brent chute de 3,22% à 63,99 dollars le baril, tandis que le WTI (West Texas Intermediate) perd 3,44% à 61 dollars. Cette baisse s’explique non seulement par les perspectives d’un marché excédentaire, mais aussi par le possible déblocage d’un accord nucléaire entre les États-Unis et l’Iran. Si un tel accord est conclu, il pourrait entraîner une levée des sanctions contre Téhéran et permettre une augmentation de l’offre iranienne sur le marché mondial.