Un accord temporaire sur les droits de douane pour relancer le dialogue commercial
À l’issue de deux jours de négociations intenses à Genève, les États-Unis et la Chine ont annoncé, lundi 12 mai 2025, une réduction substantielle de leurs droits de douane réciproques, valable pour une période de 90 jours. Cet allègement tarifaire intervient dans un contexte de tensions commerciales persistantes, aggravées depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier 2025.
À partir du 14 mai, les droits de douane américains sur les importations chinoises passeront de 145 % à 30 %, tandis que la Chine abaissera ses propres droits de 125 % à 10 %. Cette baisse significative – de l’ordre de 115 points de pourcentage de part et d’autre – représente une désescalade majeure dans une guerre commerciale ayant paralysé près de 600 milliards de dollars d’échanges bilatéraux.
Des conséquences économiques lourdes depuis le début du conflit commercial
Depuis l’instauration des hausses tarifaires extrêmes au début de l’année, les relations économiques sino-américaines se sont fortement détériorées. Les chaînes d’approvisionnement mondiales ont été fortement perturbées, entraînant une hausse des coûts de production, des licenciements dans plusieurs secteurs industriels et une montée des inquiétudes quant à un possible scénario de stagflation — c’est-à-dire une combinaison entre une inflation élevée et une croissance économique au point mort.
Scott Bessent, secrétaire américain au Trésor et représentant de la délégation américaine à Genève, a qualifié ces droits de douane « d’embargo commercial de facto », soulignant que cette trêve tarifaire est indispensable pour relancer le commerce bilatéral et rétablir un climat propice aux investissements. « Les deux pays ont très bien défendu leurs intérêts nationaux. Nous avons tous deux intérêt à ce que le commerce soit équilibré, et les États-Unis continueront d’œuvrer en ce sens », a-t-il déclaré.
Une stratégie de désescalade aux effets immédiats sur les marchés financiers
L’annonce de cet accord provisoire a immédiatement eu un impact positif sur les places boursières mondiales. En Europe, les indices majeurs ont ouvert en hausse le lundi matin. Le CAC 40 gagnait 0,68 % à 7796,71 points vers 08h05 GMT. À Francfort, le DAX enregistrait une progression de 0,78 %, tandis qu’à Londres, le FTSE 100 demeurait quasi stable. Ce rebond traduit un regain de confiance des investisseurs, sensibles à tout signal de stabilisation entre les deux premières puissances économiques mondiales.
Un contexte géopolitique marqué par une redéfinition de la politique commerciale américaine
Cette trêve s’inscrit dans une nouvelle phase des relations commerciales internationales depuis le retour de Donald Trump à la présidence. Ce dernier a engagé une refonte radicale de la politique commerciale des États-Unis, visant à renforcer la compétitivité américaine par des mesures protectionnistes. La semaine dernière, Trump avait encore évoqué l’idée de fixer des droits de douane à 80 % sur les produits chinois, tout en laissant entendre qu’un compromis était envisageable. Ce double discours souligne la volatilité du climat économique actuel et la nécessité de solutions temporaires pour éviter une escalade plus grave.
Perspectives à moyen terme : vers une redéfinition du cadre tarifaire sino-américain ?
L’accord de Genève, bien que limité dans le temps, pourrait servir de tremplin à des négociations plus profondes visant à établir un cadre commercial durable et plus équilibré. Toutefois, les désaccords structurels demeurent importants, notamment en matière de propriété intellectuelle, de subventions industrielles et d’accès au marché. Les 90 jours à venir seront donc décisifs pour l’avenir des relations économiques entre Washington et Pékin, ainsi que pour l’équilibre global du commerce international.