Le constructeur automobile Nissan tourne une nouvelle page de son histoire avec la nomination d’Ivan Espinosa au poste de directeur général. Cette décision, prise par le conseil d’administration le mardi 11 mars, intervient après plusieurs semaines de tensions et d’incertitudes concernant l’avenir de Makoto Uchida à la tête du groupe. Ce dernier, en poste depuis le 1er décembre 2019, a vu sa position fragilisée par l’échec de la fusion avec Honda et des résultats financiers en berne.
Une nomination stratégique pour relancer Nissan
Le choix d’Ivan Espinosa, jusqu’ici directeur de la planification, marque un tournant pour Nissan. Il prendra officiellement ses fonctions le 1er avril, devenant ainsi le quatrième dirigeant du constructeur en moins de six ans. Cette instabilité à la tête de l’entreprise témoigne des difficultés traversées par le groupe, partenaire historique de Renault.
Espinosa a été préféré à deux autres figures importantes de Nissan, le Français Jérémie Papin, directeur financier depuis le 1er janvier, et Guillaume Cartier, directeur de la performance. Si ces derniers n’ont pas accédé au poste suprême, ils obtiennent toutefois des promotions stratégiques au sein de la nouvelle organisation. Papin est nommé directeur exécutif, tandis que Cartier voit son rôle s’élargir au marketing mondial et à l’expérience client.
La chute de Makoto Uchida, une issue inéluctable
Depuis plusieurs mois, la position de Makoto Uchida était jugée intenable par de nombreux observateurs. Outre l’échec du rapprochement avec Honda, Nissan a subi une dégradation de ses résultats financiers, accentuant la pression sur son dirigeant. Si un départ immédiat n’était pas acquis, le conseil d’administration a finalement tranché en faveur d’un changement de leadership pour insuffler une nouvelle dynamique à l’entreprise.
Makoto Uchida avait pourtant tenté de redresser la barre en annonçant, en novembre 2024, un plan de restructuration ambitieux comprenant la suppression de milliers d’emplois et une réduction des capacités de production. Il avait promis d’apporter des précisions dans les mois suivants, mais ces annonces n’ont manifestement pas suffi à rassurer les actionnaires et les décideurs du groupe.
Un Nissan en convalescence permanente
Depuis la chute de Carlos Ghosn, ancien PDG et architecte de l’alliance Renault-Nissan, accusé de malversations financières par le parquet de Tokyo, Nissan peine à retrouver sa stabilité. L’entreprise subit une baisse continue de ses ventes et une valse incessante à la direction, freinant ses ambitions de croissance et de repositionnement sur le marché automobile mondial.
Ivan Espinosa arrive donc à un moment critique pour Nissan. Son expérience en planification stratégique sera déterminante pour relancer l’entreprise, redéfinir ses objectifs et restaurer la confiance des investisseurs et des partenaires.
Renault attentif à l’évolution de son allié
La situation de Nissan ne laisse pas indifférent son partenaire français Renault. Jean-Dominique Senard, président du groupe au losange, a affirmé le 10 mars, lors d’un déjeuner-débat organisé par la Plateforme de la filière automobile (PFA), que Renault soutiendrait Nissan dans cette période de transition. Il a également indiqué à BFM Business que Renault restait ouvert à d’éventuels partenariats conclus par Nissan dans le cadre de son redressement, à condition que ces accords soient compatibles avec les intérêts du constructeur français.
Un changement de direction après l’échec de la fusion avec Honda
La nomination d’Ivan Espinosa intervient quelques semaines seulement après l’annonce de l’abandon des discussions entre Nissan et Honda en vue d’une fusion. Ce projet, qui aurait donné naissance au quatrième constructeur mondial, visait à renforcer la compétitivité des deux groupes face aux enjeux de l’électrification et de l’innovation technologique. Son échec a été perçu comme un revers majeur pour Makoto Uchida et a sans doute précipité sa chute.
Avec cette nouvelle gouvernance, Nissan espère amorcer un nouveau cycle de croissance et sortir d’une période de turbulences qui dure depuis plusieurs années. Reste à voir si Ivan Espinosa saura relever les défis qui l’attendent et redonner à Nissan son élan d’antan.