Les derniers indicateurs monétaires et financiers publiés ce jeudi par la Banque centrale de Tunisie (BCT) dressent un tableau préoccupant de l’état des réserves de change du pays. En effet, les avoirs nets en devises ont enregistré une diminution significative de 5,3 % sur une base annuelle, s’établissant à 22,1 milliards de dinars. Ce montant représente désormais une couverture de seulement 97 jours d’importation, contre 107 jours (et 23,4 milliards de dinars) à la même date l’année précédente.
Cette contraction des réserves en devises met en lumière la persistance de fortes pressions sur la balance des paiements tunisienne. Dans un contexte économique global complexe, marqué par un besoin croissant de financement extérieur et une certaine volatilité des entrées de devises, cette évolution suscite des interrogations quant à la capacité du pays à faire face à ses engagements futurs. Bien que cette diminution soit notable, il est important de souligner que certaines composantes des revenus extérieurs affichent des signaux encourageants.
Dynamiques contrastées des revenus extérieurs : la diaspora et le tourisme offrent un soutien partiel
Dans ce contexte de tension sur les réserves de change, les revenus du travail des Tunisiens à l’étranger se distinguent par une progression notable de 7 %, atteignant 2,3 milliards de dinars au 20 avril 2025, contre 2,2 milliards de dinars à la même période en 2024. Cette performance témoigne de la contribution essentielle de la diaspora tunisienne au financement externe du pays, agissant comme un amortisseur face aux fluctuations économiques.
Parallèlement, le secteur touristique tunisien montre des signes timides de reprise, avec une augmentation de 5,2 % des recettes, s’élevant à 1,7 milliard de dinars. Ce léger rebond, bien qu’encore fragile et dépendant de la stabilité régionale et des conditions sécuritaires, offre une perspective d’amélioration progressive pour une source de devises cruciale pour l’économie nationale.
Couverture partielle de la dette extérieure : un défi persistant
Le cumul des revenus du travail et des recettes touristiques s’élève ainsi à environ 4 milliards de dinars. Ce montant permet de couvrir près de 62 % des services de la dette extérieure, qui se maintiennent à un niveau stable de 6,5 milliards de dinars par rapport à l’année précédente. Ce ratio souligne l’importance vitale des flux de devises externes pour assurer le service de la dette du pays, dans un environnement où les marges budgétaires restent contraintes et l’accès aux financements concessionnels demeure limité.
Léger recul du refinancement bancaire : signe de détente ou de prudence ?
Un autre indicateur clé révélé par la BCT est une légère diminution de 2 % du volume global de refinancement bancaire depuis le début de l’année jusqu’au 23 avril 2025, s’établissant à 13,9 milliards de dinars. Cette baisse modérée pourrait potentiellement signaler une amélioration de la liquidité au sein du marché monétaire tunisien ou refléter une demande plus prudente de la part des banques commerciales.
Enjeux cruciaux à moyen terme : renforcer la résilience financière
La diminution des avoirs en devises et la dépendance accrue aux flux extérieurs mettent en évidence la nécessité impérieuse d’adopter une stratégie économique robuste et proactive pour assurer la stabilité macroéconomique de la Tunisie. Le redressement de la balance courante, la mise en œuvre de mesures de consolidation budgétaire efficaces et la mobilisation de financements externes durables et à des conditions favorables constituent des priorités essentielles pour renforcer la résilience financière du pays face aux défis économiques futurs. Les prochains mois seront déterminants pour observer l’évolution de ces indicateurs et les mesures qui seront prises pour inverser cette tendance et sécuriser l’avenir économique de la Tunisie.