Une reprise lente malgré les dépenses publiques
La Bundesbank a averti vendredi que la croissance économique de l’Allemagne sera plus faible que prévu en 2025. Malgré les efforts du gouvernement pour accroître les dépenses publiques, notamment dans l’infrastructure et la défense, ces mesures n’auront un impact significatif sur l’économie qu’à partir de la fin 2027.
Une contraction unique au sein du G7
L’Allemagne demeure la seule économie du G7 à avoir enregistré une contraction au cours des deux dernières années. Ce recul s’explique par une série de facteurs structurels et conjoncturels, dont l’affaiblissement de l’industrie nationale, la baisse des exportations et la guerre commerciale menée par les États-Unis, qui a introduit de nouveaux droits de douane.
La guerre commerciale fragilise l’industrie exportatrice
Joachim Nagel, président de la Bundesbank, souligne que « les nouveaux droits de douane américains et l’incertitude liée à la politique commerciale des États-Unis freinent actuellement la croissance économique ». Ce climat d’instabilité a frappé l’industrie allemande au moment où celle-ci commençait à peine à se redresser après une période prolongée de faiblesse.
Des exportations en chute, une reprise lointaine
Selon les prévisions économiques semestrielles de la Bundesbank, les exportations allemandes devraient fortement chuter en 2025 et n’afficher qu’une faible hausse en 2026. Cette tendance pèsera non seulement sur la croissance du PIB, mais également sur l’emploi et l’évolution des salaires. La dynamique industrielle, déjà fragilisée, risque de se détériorer davantage.
Un secteur industriel structurellement affaibli
Le vaste secteur industriel allemand est en récession depuis plusieurs années. Parmi les causes : les coûts élevés de l’énergie, la concurrence agressive des pays asiatiques, ainsi qu’une demande en recul pour certains produits traditionnels, notamment dans le secteur automobile, jugés obsolètes face aux nouvelles normes et technologies.
Des prévisions de croissance inférieures aux estimations européennes
La Bundesbank prévoit une stagnation de l’économie en 2025, suivie d’une croissance modeste de 0,7 % en 2026. Cette estimation est nettement inférieure aux prévisions du gouvernement allemand et de la Commission européenne, qui tablent tous deux sur une croissance d’au moins 1 % pour cette même année.
En avril dernier, les principaux instituts économiques allemands avaient déjà revu leurs prévisions à la baisse, tablant sur une croissance de seulement 0,1 % pour 2025, contre 0,8 % anticipés en septembre 2024. Ces ajustements intégraient déjà les effets des nouveaux droits de douane américains sur l’acier, l’aluminium et l’automobile.
Une embellie temporaire début 2025
Malgré ces perspectives globalement moroses, le premier trimestre 2025 a affiché une performance économique plus robuste qu’attendu. La progression des exportations et de la production manufacturière, juste avant l’application des nouvelles mesures protectionnistes américaines, a temporairement soutenu l’activité.
Un soutien budgétaire à long terme
Face à ces difficultés, le gouvernement allemand mise sur une augmentation des dépenses publiques. La réforme du « frein à l’endettement », adoptée en mars dernier, permet une plus grande flexibilité budgétaire. Les investissements massifs prévus dans les infrastructures et la défense devraient porter leurs fruits à plus long terme.
« Nous nous attendons à ce que les dépenses publiques supplémentaires en matière de défense et d’infrastructure augmentent de manière significative la croissance du PIB d’ici la fin de l’année 2027 », a déclaré Joachim Nagel.