Le secteur énergétique tunisien traverse une période de fragilisation marquée par un recul significatif de son taux d’indépendance. Selon le dernier rapport mensuel de l’Observatoire national de l’énergie et des mines, cet indicateur crucial s’est établi à 37 % à la fin de février 2025, accusant une baisse notable par rapport aux 42 % enregistrés à la même période l’année précédente. Ce chiffre, qui mesure la proportion des ressources d’énergie primaire produites localement par rapport à la consommation nationale, met en évidence une dépendance énergétique croissante et structurelle pour le pays.
L’aggravation de cette dépendance se traduit concrètement par un creusement du déficit du bilan d’énergie primaire. Celui-ci a atteint 0,94 million de tonnes équivalent pétrole (Mtep) à fin février 2025, représentant une augmentation substantielle de 14 % par rapport à février 2024. Cette détérioration résulte d’un déséquilibre persistant entre une demande énergétique nationale en progression et une offre domestique qui, malgré la prise en compte de la redevance sur le transit du gaz algérien, continue de s’éroder.
L’impact de cette redevance sur le calcul du taux d’indépendance énergétique est loin d’être négligeable. En effet, si l’on exclut cette contribution, le taux d’indépendance chuterait à un niveau encore plus critique de 30 %, contre 33 % à fin février de l’année précédente. Ce scénario souligne la vulnérabilité accrue de la Tunisie en matière de sécurité énergétique et la nécessité impérieuse de renforcer ses propres capacités de production.
Le repli des ressources d’énergie primaire constitue un facteur majeur de cette situation préoccupante. À fin février 2025, ces ressources se sont limitées à 0,6 Mtep, enregistrant une diminution de 7 % sur une base annuelle. Cette contraction est principalement imputable à la baisse continue de la production nationale d’hydrocarbures, tant en pétrole brut qu’en gaz naturel. Cette tendance persistante exerce une pression considérable sur la capacité du pays à répondre à ses besoins énergétiques fondamentaux.
Malgré ce déclin, les hydrocarbures extraits localement demeurent la pierre angulaire du système énergétique tunisien, représentant 74 % de l’ensemble des ressources primaires à la période considérée. Cette prédominance souligne la forte dépendance du pays aux énergies fossiles et la nécessité d’une diversification progressive de son mix énergétique.
Dans ce contexte, la contribution des énergies renouvelables à l’approvisionnement énergétique national reste marginale. La production d’électricité à partir de ces sources, incluant celle de la STEG, des producteurs privés et de l’autoproduction, ne représente que 2 % du total des ressources d’énergie primaire. Cette proportion, qui stagne, met en évidence la lenteur de la transition énergétique en Tunisie et l’urgence d’accélérer les investissements dans ce secteur stratégique pour l’avenir du pays.
Un autre élément à considérer est la diminution de 11 % de la redevance perçue sur le transit du gaz algérien à fin février 2025 par rapport à l’année précédente. Cette évolution pourrait avoir des répercussions à la fois sur les revenus de l’État tunisien et potentiellement sur l’approvisionnement en gaz destiné au marché local, nécessitant une surveillance attentive de ses implications.
Parallèlement à la contraction de l’offre domestique, la demande en énergie primaire a enregistré une croissance modérée de 5 %. Cette augmentation est principalement tirée par une hausse de 6 % de la consommation de gaz naturel et une progression de 4 % de la consommation de produits pétroliers. Ces chiffres reflètent une reprise progressive de l’activité économique et industrielle, mais soulignent également la persistance de la dépendance aux énergies fossiles pour soutenir cette croissance.
Enfin, l’analyse de la structure de la demande énergétique révèle une légère recomposition. La part des produits pétroliers dans la demande totale est passée de 51 % à 50 %, tandis que celle du gaz naturel a progressé de 48 % à 49 %. Bien que marginal, ce glissement indique une tendance vers une utilisation plus intensive du gaz naturel, notamment dans le secteur de la production d’électricité, ce qui pourrait avoir des implications sur les infrastructures et les politiques énergétiques futures.