Une stratégie de continuité pour peser sur le marché mondial
Les huit pays membres actifs de l’alliance Opep+ ont confirmé, samedi, une nouvelle hausse de leur production pétrolière à hauteur de 411.000 barils par jour (bpj) pour le mois de juillet 2025. Cette décision s’inscrit dans la continuité des augmentations enregistrées en mai et juin, dans le cadre d’une stratégie visant à accroître l’offre mondiale d’or noir.
Les pays concernés par cette mesure sont l’Algérie, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Irak, le Kazakhstan, le Koweït, Oman et la Russie. Depuis avril, ces huit producteurs augmentent progressivement leurs volumes, malgré l’impact de cette offre accrue sur la baisse des prix du brut.
Riyad et Moscou aux commandes : priorité à la part de marché
L’Arabie saoudite et la Russie, considérées comme les deux moteurs de l’Opep+, ont joué un rôle déterminant dans cette décision. Leur objectif est double : empêcher les États membres de dépasser les quotas assignés et reprendre des parts de marché, notamment face à la concurrence américaine.
Selon Harry Tchilinguirian, analyste chez Onyx Capital Group, cette démarche reflète une logique de volume :
« La décision d’aujourd’hui ne fait qu’illustrer le fait que la part de marché est la priorité. Si le prix ne permet pas d’obtenir les revenus escomptés, ils espèrent que le volume le permettra. »
Des fondamentaux solides, malgré des prix sous pression
Cette hausse de production pour juillet a été arrêtée lors d’une réunion virtuelle de l’Opep+. D’autres scénarios, dont une augmentation plus importante, ont été brièvement envisagés selon des sources proches de l’organisation.
Dans un communiqué officiel, l’Opep+ justifie sa décision par la stabilité des perspectives économiques mondiales et des fondamentaux jugés « sains », notamment en raison du bas niveau des stocks mondiaux de pétrole.
Une augmentation cumulative de 1,37 million de barils/jour depuis avril
Avec cette nouvelle hausse, l’augmentation totale de la production opérée par les huit membres depuis avril atteint 1,37 million de barils par jour. Ce chiffre représente près de deux tiers des 2,2 millions de bpj que le groupe prévoit de réinjecter sur le marché mondial d’ici fin 2026.
Par ailleurs, deux coupes majeures décidées ces dernières années – 2 millions de bpj pour l’ensemble de l’Opep+ et 1,65 million pour le groupe des huit – devraient être progressivement levées au cours des prochains 18 mois.
Un contexte de prix historiquement bas
Cette stratégie intervient dans un contexte de pression persistante sur les prix du pétrole. En avril, les cours sont tombés à leur plus bas niveau depuis quatre ans, passant sous la barre des 60 dollars le baril. Cette chute a été accélérée par une annonce de triplement de la hausse de production pour mai, combinée à une guerre tarifaire initiée par Donald Trump, qui a ravivé les craintes d’une récession et d’un affaiblissement de la demande.
À la clôture des marchés vendredi, le brut s’échangeait autour de 63 dollars le baril, confirmant une tendance de stagnation des prix malgré les efforts d’équilibrage du marché.