Le PIB de la zone euro a enregistré une accélération inattendue au premier trimestre 2025, marquant un rebond économique modéré avant l’escalade des tensions commerciales initiées par les États-Unis. Cette performance, bien qu’inégale entre les pays membres, soulève des enjeux majeurs pour les investisseurs et les décideurs économiques européens.
Une croissance tirée par quelques moteurs économiques
Selon les données publiées mercredi par Eurostat, le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a progressé de 0,4% au premier trimestre 2025, soit le double du rythme enregistré au trimestre précédent (+0,2%). Cette dynamique, meilleure que les anticipations des analystes, est en grande partie attribuable à la bonne performance de l’Espagne et à une hausse atypique de 3,2% du PIB irlandais, stimulée par l’activité des multinationales implantées dans le pays pour des raisons d’optimisation fiscale.
Cependant, cette croissance reste fragile et disparate. L’Allemagne, première économie du bloc, n’a enregistré qu’une progression de 0,2%, tandis que la France et l’Italie ont respectivement affiché +0,1% et +0,3%. Si l’on exclut le cas particulier de l’Irlande, la tendance moyenne en zone euro reste modérée, autour de 0,2%, en ligne avec les prévisions établies par Reuters.
Des fondamentaux encore sous pression
Sur un an, la croissance reste stable à 1,2%, un taux identique à celui du dernier trimestre 2024. Cette performance intervient dans un contexte économique toujours contraint par des niveaux d’investissement modérés, une inflation persistante et un comportement de précaution accru chez les ménages.
Les signaux macroéconomiques confirment une relance inégale et limitée par une faible demande intérieure, un recul des carnets de commandes industriels et une hésitation persistante des entreprises à relancer massivement leurs investissements productifs.
La guerre commerciale initiée par les États-Unis : un nouveau point d’inflexion
Depuis début avril, l’environnement économique de la zone euro s’est sensiblement dégradé avec l’annonce par Donald Trump de droits de douane dits « réciproques » sur plusieurs produits européens. Cette initiative protectionniste a conduit à une appréciation de l’euro face au dollar, pesant sur la compétitivité des exportations et renforçant les incertitudes économiques.
Des entreprises emblématiques comme Volkswagen et Mercedes-Benz ont d’ores et déjà revu à la baisse leurs prévisions de résultats, évoquant un impact direct sur les ventes, les marges bénéficiaires et leurs capacités d’investissement. Le climat des affaires en zone euro, mesuré par la Commission européenne, s’est nettement dégradé en avril, avec un indice du sentiment économique tombé à 93,6, contre 95,0 en mars.
Opportunités d’investissement dans un contexte incertain
Malgré les vents contraires, cette croissance inattendue du premier trimestre souligne la résilience structurelle de certaines économies européennes et offre des fenêtres d’opportunité ciblées pour les investisseurs. Le secteur technologique en Irlande, les services et les infrastructures en Espagne, ainsi que la relance énergétique en Italie figurent parmi les segments à surveiller.
Dans un contexte où les tensions commerciales pourraient redessiner les chaînes de valeur, les stratégies d’investissement devront s’appuyer sur des analyses sectorielles fines, une vigilance accrue sur les politiques monétaires, et une anticipation des réponses fiscales et budgétaires à l’échelle européenne.